Bab-el

01 Avril - 30 Juin 2013

Valentine Vermeil

Résidente de l'atelier de recherche et de postproduction d'avril à juin 2013

Babel est une invitation à « l’ouverture à l’autre que l’autre, celui qui m’est radicalement différent, comme voie qui mène au Tout autre » 
Emmanuel Levinas, Altérité et transcendance, Montpellier, Fata Morgana, coll. « Essais », 1995

A l'issue de sa résidence de 3 mois au CPIF, Valentine Vermeil présentera son tout dernier travail, Bab-El, réalisé en Israël et en Palestine.
L'occasion de venir découvrir son univers et d'échanger avec elle autour de son projet.

" Mon propos est de montrer le visage d’un pays, une sorte d’état des lieux géographique et sociologique de l’ensemble du territoire des deux cotés du mur. J’ai délibérement choisi de sortir de l’aspect manichéen du conflit pour m’intéresser de plus près aux différentes communautés qui vivent sur ce territoire. J’ai souhaité mettre en lumière ce qui rassemble les individus, tels les liens et l’appartenance à un groupe qu’il soit social, ethnique ou religieux. Ces photographies sont aussi à voir comme la traversée d’un territoire riche et complexe, un voyage initiatique spirituel vers une recherche identitaire et personnelle, une recherche des origines.

La première fois que je me suis rendue en Israël, j’emportais avec moi les stéréotypes d’une «Terre Sainte » issus de reproductions orientalistes du 19 ème siècle. Je m’étais construit une image mentale correspondant à la symbolique du nom ; la Palestine évoquée sur les anciennes cartes géographiques provoquait en moi un désir de rencontre et de confrontation avec le réel. En voyageant à travers Israël et les territoires occupés, j’ai vu des dialectiques et des cultures s’opposer ; une culture musulmane où chaque événement est conforté par la grâce de Dieu, et une culture juive associant l’histoire tragique de son peuple avec un besoin de défense et de suprématie absolue. Aujourd’hui le territoire est morcelé et sujet à de nombreuses aberrations et absurdités sociales, malgré le désaccord de la communauté internationale, les colonies s’agrandissent, les discriminations économiques continuent. Xénophobie, violence et enfermement sont présents chaque jour.

Bab-El concerne un pays dans sa globalité et sa complexité. Un pays qui, depuis la nuit des temps est décrit comme celui du lait et du miel ; un pays qui depuis 1948 ne cesse de s’enfermer dans de dominantes certitudes à l’égard des ses voisins et de ses habitants. J’aime envisager cette terre comme une gigantesque tour de Babel avant que Dieu ne décide de brouiller les langues et de séparer les hommes pour que leurs forces ne le défient. J’aime envisager cette terre où l’Autre serait une part de moi-même, et ses différences mes propres manques. "


À la suite de son diplôme de Communication Visuelle à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Valentine Vermeil choisit la photographie documentaire comme terrain d’exploration, là où les identités se dévoilent, où les rencontres prédominent et permettent d’interroger le réel. Sa démarche photographique est proche du documentaire poétique, elle s’inspire des données factuelles d’un lieu, d’une situation ou d’une personnalité, et tente de les transcender afin de donner à voir une réalité magnifiée, à travers son regard d’auteur. Les thématiques abordées sont liées à des questionnements personnels, ses sujets de prédilection traitent de l’humain, en tant qu’identité et être social lié à un territoire. Ses travaux photographiques sont conçus en séries, les images ainsi mises en relation produisent un sens, retranscrivent des émotions, et montrent son point de vue sensible sur le monde.

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