01 Janvier - 30 Mars 2009
Né en 1981. Vit et travaille à Paris.
Jeune diplômé de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Gabriel Desplanque a su développer un univers noir et burlesque où le décalage entre l'enfance et l'âge adulte provoque une tension latente.
Au cours de sa résidence, Gabriel Desplanque a travaillé autour de l'image lenticulaire, un procédé qui consiste à superposer dans une même image, deux images de même taille. Ce procédé lui permet de réaliser des « objets photographiques » : des images en volume où la dualité des images introduit une violence sourde à mesure que les mouvements du spectateur entrainent des effets d'apparition et de disparition.
À côté
Les photographies de Desplanque témoignent d'une sourde violence, d'une tension latente. Le corps, quasiment toujours représenté, y est soumis à des forces gravitationnelles qui semblent arbitraires : pesant et forcé à adhérer au sol, ou au contraire tiraillé par des forces invisibles, le faisant s'élever et disparaître du champ. C'est par exemple le corps de l'homme allongé que des ballons compacts ne peuvent réussir à soulever. Implicite, la violence réside ici dans le léger mouvement de côté qui tord le pied gauche de l'homme, le tiraillement étant provoqué par les rubans lui cisaillant les chevilles. Là réside une finesse particulière du travail de Desplanque : le camouflage du sujet - la violence - derrière un motif dont à première vue seule l'étrangeté nous frappe. Dans d'autres photographies, les corps sont englués, attachés ou soulevés, comme pendus. Les yeux sont bandés, les poings serrés. Un pied dont la veine gonflée annonce une course imminente se heurte déjà dans son élan à un mur immaculé.
Par ailleurs, chaque image semble induire une temporalité particulière et un espace qui va bien au-delà de celui du cadre. Qui a attaché aux chevilles de l'homme allongé ces ballons-chevaux ? Quelle lune désigne l'enfant qui pointe son doigt ? Les oeuvres de Desplanque fonctionnent comme des énigmes, des scènes issues de la vie quotidienne, mais que la fixation sur la pellicule empreint d'une étrange inquiétude. Dans ces photographies, nulle narrativité mais au contraire une invitation à une flânerie spéculative.
Ces photographies se refusent à une lecture univoque. Dans chacune d'entre elles, le grave peut ainsi se substituer au léger et inversement, par des jeux de détails. En créant ainsi des échappatoires poétiques (des chevaux au galop sur une nationale déserte, un somptueux château dans une chambre à coucher), l'artiste semble situer son spectateur toujours à côté de ce qu'il doit réellement voir.
Camille Paulhan