Aymeric Ebrard

Initiée lors de sa résidence à l'Atelier de recherche et de postproduction, Les Attributs est une série ouverte composée d'un corpus d’images sur les indiens d’Amérique qu'il a constitué lors de son voyage de recherche aux USA grâce à la bourse de la Villa Médicis " Hors-les-Murs " de l’Institut Français.

" Les attributs sont ces objets archétypaux, symboliques, emblématiques, attachés à un personnage (mythologique, saint, super-héros, etc), une fonction, une profession... Représentés aux pieds, à la main, dans les bras ou autre de leur figure tutélaire, ils la caractérisent autant qu’ils la définissent. Seuls, ils peuvent aussi faire référence au personnage auquel ils se rapportent sans que celui-ci ait besoin d’être autrement convoqué. Ils sont alors le symbole de son pouvoir, de sa force, de sa qualité intrinsèque, le signe distinctif ou abstrait d’une spécificité qui tend à devenir générique.
Ici, les objets usuels, ustensiles, outils artisanaux qui qualifient l’homme ou la femme (l’artisan) qui les utilise, parlent de ce savoir-faire, cet aquis, cette spécificité qui en créant un bien, un besoin et une monnaie d’échange, donne aussi à celui qui les emploie une fonction sociale, un role, une place dans le groupe auquel s’identifier.
Pour autant, l’identité, la personnalité, l’individualité et la particularité de chacun est-elle réductible à la partie que la société veut bien lui laisser jouer ?

La série Les Attributs travaille l’intangible des usages en éditant un matériel d’images d’archives (photographies documentaires, archéologiques, anthropologiques ou ethnographiques issues de sources diverses) représentant des objets, outils et ustensiles multiples : à partir des images originales montrant des hommes et des femmes au travail, dans leur relation à l’outil et des pratiques artisanales qu’elles documentent avant qu’elles ne soient abandonnées et ne sombrent dans l’oubli, mon intervention consiste à faire disparaitre toute trace de figure humaine par un travail de retouche rigoureux et sensible, reconstruisant le décor de toute pièce en prélevant, sur le mode de la greffe, des éléments alentours, ne laissant apparaitre que ces objets, dans leur cadre et à leur place originels.
Comme abandonné à même le sol ou sur un mur par une fuite soudaine, beaucoup se retouvent souvent alors comme flottant en apesanteur.
Isolés, devenant comme mis en exposition comme par un socle invisible au sein même de leur contexte d’existence premier et fonctionnel, cette série interroge autant l’inexorailité du temps qui passe, l’idée de collection d’artéfacts ethnographiques, de leur muséographie comme de leur appartenance - questions soulevées depuis quelque temps par les mouvements de réclamation et les processus de rétrocéssion initiés par les peuples originels. " 

Aymeric Ebrard