Expositions
09 Mars - 12 Mai 2006
Pour cette exposition, Bruno Serralongue a choisi d'articuler trois ensembles d'images produites entre 1996 et 2005, du Chiapas à Rio de Janeiro en passant par Johannesburg.
Dans le premier ensemble lié à des rassemblements internationaux autour d'enjeux économiques, politiques ou sociaux, comme le Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI) à Tunis en 2005, Bruno Serralongue rompt radicalement avec l'instant décisif et l'image choc, et opte pour un éclatement du sujet.
Dans les deux autres ensembles, il se met dans la posture du photoreporter, avec une grande proximité aux codes de la profession. Avec la série Jornal do Brasil - 1997, en symbiose avec l'équipe d'un quotidien national, il réalise des photographies qui collent à l'événement, se jouant de l'incongruité de la notion d'auteur.
Pour la série Risk Assessment Strategies - 2002, montrée pour la première fois en France dans son intégralité, Bruno Serralongue a infiltré un stage de formation « Environnement Hostile et Premiers Secours » destiné à réduire les risques encourus par les journalistes qui travaillent dans des zones dangereuses, en les projetant dans des situations scénarisées. La série prend la forme d'un reportage de 25 images qui pointe les conditions de pré-fabrication des images.
Ces ensembles correspondent à trois positions de l'artiste qui sont autant de variations du seuil de proximité à l'événement et au modèle de la photo de presse, autant de stratégies de déplacement nécessaire au regard.
Bruno Serralongue interroge les procédures de production et de diffusion d'informations par l'image. Les événements inscrits à l'agenda des medias de masse (des fêtes de village aux sommets mondiaux) constituent son matériau de travail. A la manière d'un photoreporter, qui serait son propre commanditaire, il se déplace sur les lieux. Mais, n'appartenant pas au staff de presse, démuni d'accréditation spécifique, il opère en dehors des zones réservées, balisées et adopte un point de vue déplacé et distancié. Travaillant avec un appareil photographique grand format, il se contraint à la lenteur et laisse une large place aux coulisses, aux marges du « sujet ». Il produit alors des séries d'images décalées, dé-focalisées, non spectaculaires de ce dont il est témoin. Bruno Serralongue met en évidence les conditions de production des images et l'importance de ces conditions sur la construction de la représentation d'une réalité, inscrivant ainsi la place de l'artiste dans l'oeuvre. Cette posture, modeste, crée alors l'espace nécessaire à l'exercice de la critique du regardeur. Ses images proposent une information alternative sur une situation.
Bruno Serralongue participe également à d'autres expositions au Palais de Tokyo (Paris) jusqu'au 7 mai 2006, à la Villa Arson (Nice) du 18 mars au 4 juin 2006 et au Domaine de Chamarande (Chamarande) du 30 avril au 29 octobre 2006.
Avec le concours du Fonds national d'art contemporain, Ministère de la culture et de la communication (Paris), du Fonds Régional d'Art Contemporain de Basse-Normandie et de la Galerie Air de Paris.