Pendant sa résidence au CPIF, Crystal Bennes poursuivra un projet de longue durée qui étudie les impacts sociaux, politiques et environnementaux de l'industrie mondiale des engrais.
Le projet rassemble des images poétiques et documentaires avec des photographies d'archives de sept sites à travers le monde. Il s'agit notamment de la Station expérimentale de Rothamstead, l'un des plus anciens instituts de recherche agricole, de l'usine BASF de Ludwigshaten, la plus grande usine de production d'ammoniac d'Europe, et de la mine de Boulby en Northumbrie, l'une des principales mines de potasse du continent.
Ce travail sera publié sous forme de livre photo par l'éditeur The Eriskay Connection, Breda (Pays-Bas).
En 1905, le chimiste britannique William Crookes affirmait que l'azote était « vital pour le progrès de l'humanité civilisée » et que sans moyen de créer des engrais artificiels, « la grande race caucasienne cesserait d'être dominante dans le monde, et serait éliminée par des races pour qui le pain de blé n'est pas l'aliment de base ».
Les scientifiques occidentaux se sont saisis de la question et, en l'espace de quinze ans, des engrais artificiels étaient produits à l'échelle industrielle.
Ainsi, le développement et la production de ces produits, étroitement liés à l'histoire de la guerre chimique, présentent une filiation avec l'idéologie suprématiste blanche.
Aujourd'hui, on estime que près de la moitié de la population mondiale dépend des engrais synthétiques. De plus, les engrais génèrent actuellement des émissions de CO2 supérieures à celles de l'aviation et du transport maritime mondiaux combinés.
Crystal Bennes vit et travaille à Édimbourg, en Écosse. Elle est diplômée d'un Master of Fine Art de la Aalto University à Helsinki (2016) et d'un doctorat en art plastiques de la Northumbria University, à Newcastle (2021).
Travaillant « telle une prophétesse-professeure » (Latitudes, 2023), l'artiste et écrivaine Crystal Bennes examine de manière critique et poétique les systèmes de connaissance et les structures de pouvoir. Sa méthode de travail, qui prend souvent comme point de départ des réinterprétations féministes d'histoires archivistiques ou de mythes, établit des connexions essentielles et souvent surprenantes entre la science, l'histoire, le capitalisme, le colonialisme, le genre et le pouvoir politique.
Bennes a recours à un large éventail de médias, et notamment des tapisseries, des sculptures en savon, des photographies, des publications, des conférences-performances, des estampes et des jardins. Son œuvre fait l'objet d'expositions et de collections à l'international. Ses intérêts incluent les sites de recherche scientifique, les bibliothèques, la migration des plantes et des personnes, les histoires des femmes, la « culture nucléaire », la langue et la traduction, la subversion des méthodologies académiques et la politique de la pratique artistique.
Site Internet de l’artiste : https://www.crystalbennes.com
Visuel : Crystal Bennes, Who Stole Fire ?, (titre de travail), 2019-2023