Livia Melzi et Emilio Azevedo, L'ordre des choses, 2022

Résidence

Livia Melzi et Emilio Azevedo

Résident·es 2024

L'ordre des choses
 

« En 2023 nous avons entrepris une enquête photographique sur l'histoire de la représentation de l'Amazonie. Ce projet est né de notre intérêt partagé pour l'écologie, ainsi que de notre désir de fusionner nos recherches individuelles au sein d'une initiative collective. Nous avons conduit cette recherche avec le soutien de l'espace Krajcberg et de la curatrice et chercheuse Laila Melchior.

Notre projet « L’ordre des choses » se penche sur l'histoire des relations complexes entre l'Occident et la forêt amazonienne. Pour mener cette enquête visuelle, nous avons choisi de nous appuyer sur des images datant des derniers siècles, conservées dans des institutions emblématiques telles que le Louvre, le Musée du Quai Branly, le Jardin des Plantes, le Mobilier national/les Gobelins, l'Herbier national, ainsi que dans des collections privées. L'hypothèse suivie est que l'image de la forêt amazonienne produite par l’occident au cours des siècles en dit davantage sur nous que sur la forêt elle-même.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons examiné un certain nombre d'images, d’objets et de lieux ayant comme sujet la forêt amazonienne. Ensuite, nous les avons photographiés dans leurs contextes de monstration afin de mieux comprendre le cadre de pensée de leurs créateurs et commanditaires. Ainsi, en utilisant le langage photographique et une approche méthodique, nous avons cherché à discerner comment ces créateurs d'images donnaient forme à leur perception du monde, comment ils structuraient la réalité qui se présentait devant eux.

Un constat devient évident : au fil des siècles, ce territoire et ses formes de vie ont bien souvent été dépeints de manière passive, servant de toile de fond aux explorateurs, scientifiques et aventuriers, qui y projetaient leurs peurs et fantasmes, oscillant entre fascination et désir de domination. Sur un plan purement métaphysique, ces images illustrent la vision occidentale de la nature en tant qu'entité extérieure, qu'il s'agisse de la considérer simplement comme une réserve de matières premières à exploiter ou à contempler. Cette vision sous-entend toujours que les êtres humains et leurs sociétés ne font pas partie intégrante de cette nature.

Nous avons réalisé nos images à l'aide d'une chambre technique et des diapositives grand format, un choix motivé par notre désir d'obtenir la plus grande précision possible. À travers cette approche, nous voulions interroger le fantasme de la transparence et de l'objectivité propre à la modernité occidentale, que le médium photographique a souvent illustré. Paradoxalement la profusion d'informations présente dans chaque image ne nous conduit pas nécessairement vers une meilleure compréhension des sujets que nous présentons. Cette surabondance d'objectivité tend à déplacer l'image vers une forme d'abstraction et offre au public l'occasion de se voir voir ».

Au sein de l’Atelier de recherche et postproduction, Livia Melzi et Emilio Azevedo poursuivent leur recherche, se consacrant notamment à la finalisation formelle du projet L'ordre des choses.

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Livia Melzi

Basée à Paris, Livia Melzi travaille l'archive, la mémoire et la construction de l'identité à partir de représentations quasi-documentaires. Elle interroge également de manière critique la production, la conservation et la circulation des images dans l'écriture de l'Histoire, notamment à l'époque coloniale. 
En 2021, elle est lauréate du Grand Prix du Salon de Montrouge et en 2022 elle participe au festival Circulation(s) et au Festival de la photographie d'Athènes. La même année, Lívia Melzi est lauréate de la bourse de l'Institut pour la Photographie de Lille et est sélectionnée pour une Résidence à la Fondation Fiminco jusqu'en septembre 2023. En 2022, elle bénéficie de sa première exposition individuelle en Europe intitulée Tupi or not tupi, au Palais de Tokyo. Livia Melzi est une des quatre artistes nominées au prix European Month of Photographie 2023.

Océanographe de formation, elle est diplômée d'un Master en Photographie à Paris 8, et intègre en 2022 le doctorat de l'Université de Zurich.

 

 

Emilio Azevedo

Artiste visuel et photographe, le travail plastique d'Emilio Azevedo repose sur des recherches visant à établir les fondements culturels et historiques de la crise écologique en lien avec la Modernité. 
L’artiste développe une démarche qui aborde l'histoire et la géographie post-coloniales dans leur complexité.

Actuellement, il développe un ensemble de travaux explorant les processus d'anthropisation qui ont eu lieu en Amazonie occidentale au cours du XXe siècle. Cette recherche entamée au sein de l'École Nationale Supérieure de la Photographie à Arles, a jusqu'ici reçu le soutien d'importantes institutions artistiques européennes, telles que le Musée du quai Branly à Paris, le Centre d'Art Contemporain Wiels à Bruxelles, le FOMU-Fotomuseum à Anvers, la Fondation Luma, la Direction des Arts Plastiques Contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Futures Foundation. Ce projet a aussi été récompensé, notamment le Prix pour la Photographie du Musée du Quai Branly, le Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière 2022 et Le Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels 2022. Avec le soutien de la bourse SOFAM, il participe en 2023 au programme de résidence du Centre d'art contemporain Wiels (Forest, Belgique).



Visuel : Livia Melzi et Emilio Azevedo, L'ordre des choses, 2022

 

 



 




 

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