Résidence
Fantôme de 8 à 11
Comment la photographie peut-elle saisir l’errance, la perdition, mais aussi le désir et le sentiment d’aventure ? La série Fantôme de 8 à 11, puise son inspiration dans les vapeurs saturées d’un sauna gay, lieu de cruising et de rencontres. Pour Antoine Denoual, cet espace marque le point de départ d’une exploration sensible de la représentation du corps – sujet à la fois désirant et désiré.
Plutôt que d’adopter une approche documentaire, l’artiste choisit d’invoquer une forme spectrale. À travers celle-ci, il interroge le médium photographique dans sa capacité à conjuguer matérialité et expérience sensorielle située, entre présence et disparition.
C’est à cette traduction — qui requiert une grande subtilité, notamment dans le tirage sur papier — que ce jeune artiste va consacrer sa recherche au sein de l’Atelier de recherche et postproduction.
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Né en 1996, Antoine Denoual vit et travaille à Nantes. En 2022, après des études en arts appliqués puis en photographie, il est diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie (ENSP).
À l’ENSP, il approfondit ses recherches autour du corps, de l’identité, ainsi que des possibilités offertes par les propriétés physiques de la lumière : « Qu’il s’agisse de phénomènes de réflexion, de diffraction, d’illusions d’optique ou de jeux de lumière et d’effets scéniques, ces manifestations visuelles me permettent souvent de donner une forme plastique à mes travaux et à mes réflexions », affirme-t-il.
Le travail d’Antoine Denoual inscrit le corps dans des récits et des échelles multiples qui invitent le spectateur à l’appréhender autrement. Teintées d’une esthétique douce-amère, ses photographies nous plongent dans des espaces oniriques, oscillant entre références romantiques et goût pour « l’ultrapop ».
Ses installations, s’apparentant à des dédales, proposent un espace sensoriel total. Le spectateur y devient acteur, au cœur même de l’activation de l’œuvre — une démarche qui fait écho au concept de « corps perceptif » de Robert Morris.
Antoine Denoual a exposé en France, notamment à Arles (Galerie Regala, WIP 2022), à Nantes (Kunst Haus, Les Laboratoires Vivants, Galerie du Grand Huit, Ateliers Magellan), à Paris (La Villette, Le Hasard Ludique) et à Marseille (FRAC SUD, La Fabulerie).
Il a également réalisé des commandes pour Jacquemus, Hermès Saint-Louis ou encore la Biennale d’Arts Visuels de Nantes. Son travail a été publié dans Fisheye Magazine et Libération.
Visuel : Antoine Denoual, Fantôme de 8 à 11, 2024