Janvier - Mars 2013
À dessein, les lieux ne sont pas identifiables. Qu'il s'agisse de portraits photographiques, de cartes d'état-major transfigurées ou de documents vidéo détournés, seuls quelques indices permettront à chacun de choisir parmi le champ des possibles le récit qui fera écho à sa propre histoire.
La série « Disputed Area » se compose de cartes ajourées pour lesquelles chaque nom figurant sur celle-ci a été soigneusement découpé, faisant basculer le document du factuel vers l'incertain et l'aléatoire. Les lieux représentés – zones de conflits revendiquées par plusieurs parties – s'inscrivent dans l'Histoire et la perte matérielle des noms ajoute à leur identité instable.
De l'extraction à l'insertion, le pas est franchi avec l'ensemble des films « Scientific document with subliminal pornography inserted ». Les éléments filmés sont hors contexte. Ni le lieu, ni les raisons objectives de telles observations ne sont accessibles. Les faits captés le sont de manière directe, sans aucune volonté esthétique. Quand bien même, ce qui nous échappe est là. Intercalées au cœur du récit, des images subliminales existent, invisibles mais bien présentes. Cette part occultée du visible ne prend corps que grâce au titre explicite qui accompagne chaque film. Ceux-ci sont projetés en 16 mm, ainsi chaque image - perceptible ou non - défile indubitablement sous nos yeux. Alors qu'il est concrètement impossible d'en vérifier la présence, ces images donnent à la disparition une place de choix et ajoutent au paradoxe de l'absence révélatrice.
Claire Taillandier