« Lettre à un photographe » est un projet conçu et mis en œuvre par le CPIF. L’action a été coordonnée par le service des publics du CPIF.
Du 05 octobre au 22 décembre 2019, le CPIF a présenté l’exposition « Réinventer Calais » présentant les œuvres de Lotfi Benyelles, Claire Chevrier, Jean Larive, Elisa Larvego, Laurent Malone, André Mérian, Gilles Raynaldy et Aimée Thirion. Leur photographies ont été réalisées dans le cadre de la commande photographique éponyme du Centre national des arts plastiques et du PEROU.
Les médiatrices et médiateurs du CPIF ont imaginé un atelier d’écriture pour les collégien.ne.s et lycéen.ne.s. Ils ont été invité à rédiger une lettre s'adressant à un ou des artiste.s de l’exposition. Ces textes ont été transmis aux artistes et des correspondances se sont engagées par la suite.
Ont participé à l’action :
Collège Monthéty à Pontault-Combault
Collège Anceau de Garlande
Lycée Camille Claudel à Pontault-Combault,
Lycée Clément Ader à Tournan-en-brie
Lycée Descartes à Noisy-Champs
Lycée Lino Ventura
Association Empreintes à Pontault-Combault
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Lettres des élèves :
Chère Elisa Larvego,
Votre travail nous a beaucoup touché, d'avoir pu intégrer le camp des femmes a permis de faire prendre conscience de la solitude de ces êtres humains et de percevoir d'une autre manière ce phénomène. Vos mises en scène ont aussi permis de voir que beaucoup de bénévoles étaient engagés et qu'ils ne faisaient aucunes différences entre eux et les migrants. L'image la plus forte est celle de la jeune fille sous le drapeau de la Belgique. Nous n’arrivons pas forcément à différencier les personnes habitant dans le camp des bénévoles. C’est la photo la plus touchante de toute l'exposition, qui nous fait aussi prendre conscience de la gravité du phénomène.
Pauline & Tanguy
Étudiants du Lycée Camille Claudel Pontault-Combault
Classe de 1ère
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Chères Photographes,
Nous tenions à vous faire partager notre avis sur vos photographies. Votre exposition nous a permis de nous rendre compte de l'ampleur de la jungle de Calais et de sa misérable situation. Les photos de points de vue et de mises en scènes différents nous ont permis de se mettre à la place de chacun.
La photo qui nous a le plus marquée est celle d’André Mérian représentant un cimetière. En effet, elle nous a interpellé car elle représente une déshumanisation ; on voit que les migrants n'ont pas les mêmes moyens que les autres.
Merci à vous pour ce partage.
Alice & Léana
Étudiantes du Lycée Camille Claudel Pontault-Combault
Classe de 2nde
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Cher Monsieur Larive,
Vos photos m’ont émerveillées. Vous avez voulu nous faire passer un message.
Grâce à vos personnages sans visage.
Vos photos m’ont parlé.
Et cela m’a touchée.
Le noir et blanc sont de bonnes couleurs.
Ils font passer de l’espoir dans ces douleurs
Les migrants passent leur temps à espérer
Et vous êtes venus les voir pour les photographier
En apprenant à les connaître
Vous avez, l’espace d’un instant, fait évaporer leur mal-être.
Juliette
Étudiante du Lycée Camille Claudel Pontault-Combault
Classe de 1ère
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Cher Monsieur Benyelles,
J’ai trouvé votre travail intéressant et très beau. Il représente bien la situation de la jungle de Calais. Vos photos permettent aux gens d’ouvrir les yeux et de se rendre compte de ce qui s’est passé là-bas. On voit que vous y avez passé du temps et que cela vous tenait à coeur. C’était vraiment intéressant, moi qui n’apprécie pas la photographie, votre travail m’a touché et a touché beaucoup de personnes. Vous êtes en quelque sorte les yeux du monde. Vous prenez en photo certaines choses que nous ne voyons pas, elles sont mises en lumière par votre point de vue. Merci pour cela. Merci de nous faire découvrir le monde vu par votre regard.
Alicia
Étudiante du Lycée Camille Claudel Pontault-Combault
Classe de 1ère
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Extrait de la réponse de l'artiste Jean Larive :
Chères lycéennes, chers lycéens,
Le centre Photographique d'Ile-de-France où vous vous êtes rendus avec vos professeurs pour découvrir l'exposition consacrée au bidonville de la jungle de Calais, nous a transmis, à nous les photographes de la mission « Réinventer Calais », les messages et les demandes que vous avez eu la gentillesse de nous écrire. Je ne peux répondre qu'en mon nom personnel mais je tiens d'abord à vous dire que je vous suis très reconnaissant pour votre démarche. Visiter un musée ou un espace d'exposition, s'intéresser à un sujet ou à des oeuvres qui ne nous sont pas familières demandent du temps et de l'attention. La curiosité et l'intérêt dont vous avez su faire preuve témoignent de votre ouverture d'esprit et je vous en remercie. Car, si je n'ai pu être présent physiquement, vous avez pris le temps de dialoguer avec mes images et celles des autres photographes. Je dis "dialoguer" car vos messages montrent bien que nos photos vous ont "parlées", vous ont touchées. Pour nous, auteurs de ces photographies, c'est quelque chose de très important de savoir que ce que nous avons vu et photographié sur le terrain, les émotions mais aussi les questions, les colères ou les joies que nous avons ressenties, que tout ce que nous avons rapporté de là-bas, peut parler à des personnes qui n'y sont pas allées. (...)
Découvrir c'est aussi questionner, et vos messages sont pleins de questions pertinentes posées à tel photographe ou à tel autre. Je ne peux pas répondre à toutes ni à la place des autres photographes mais je peux vous dire que nous n'avons pas volé de portraits, chaque personne photographiée l'était avec son accord, que notre matériel n'a pas été cassé ou volé, que le tapis de prière n'était pas abandonné, que les personnes enterrés sous des numéros au cimetière n'avaient pas pu être identifiées, faute de papier... Vous dire enfin que ce que vous avez ressenti pendant votre visite à la force d'un engagement. On ne peut pas tout le temps être engagé, ni tout le temps se cultiver, mais il est bien d'y penser de temps en temps car ce temps que l'on donne à aider ou à comprendre l'autre n'est jamais du temps perdu. (...)
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Réponse de l'artiste Elisa Larvego à Pauline & Tanguy :
Merci beaucoup pour vos mots sur mon travail et la photographie de la jeune fille devant ledrapeau belge, cela m’a beaucoup touché. Je suis heureuse d’apprendre que vous avez perçu l’engagement des bénévoles à travers ces photographies ainsi que mon souhait de brouiller les limites visuelles entre les aidants et les aidés.
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© Photographies réalisées dans le cadre de l'atelier « Lettre à un photographe » développé par le Centre Photographie d'Île-de-France et encadré par l'équipe du service des publics du CPIF. Tous supports pour le monde entier et la durée légale de protection des œuvres.