01 January - 30 March 2012
Le travail d’Agnès Geoffray s’articule autour de la violence et ses représentations. Il est largement inspiré par les faits divers, faits sociaux et faits historiques, qu’elle dilue sous une forme poétique pour tendre à un lyrisme documentaire. De la sphère intime jusqu’à une sphère plus historique, ses images convoquent une survivance des gestes, comme une mémoire ou future mémoire de désordres et de désastres. Il révèle ainsi la potentialité dramatique de toute image.
Avec sa série Incidental gestures, Agnès Geoffray interroge l’aura d’authenticité de la photographie à travers la pratique de la retouche, afin de mettre en scène ses simulacres. Elle ne travaille qu’à partir d’images préexistantes, des photographies d’archives. La genèse de ce travail est largement inspirée de l’intérêt qu’ont produit sur elle les photographies retouchées, notamment celles des régimes totalitaires, qui s’octroyaient au gré des images, des pouvoirs d’élimination ou de résurrection. La bonne retouche est-elle celle qui ne se voit pas ? À travers ce projet, Agnès Geoffray désire mettre en lumière toutes ces manipulations qui font basculer des images préexistantes vers un nouveau réel. Une même image, un même geste, voit son potentiel dramatique s’accentuer ou s’estomper. Une reconstruction : des histoires et de l’Histoire, interrogeant par la même la notion de victime. Par la pratique de la retouche, une victime se voit restituer une dignité, ou au contraire, un protagoniste se voit destitué de sa grandeur mise en scène, se transmuant par là même en victime potentielle. Cette série fait largement écho aux manipulations photographiques commises de tout temps.