Clarisse Doussot

April - June 2007

Clarisse Doussot

In the research and postproduction residency from April to June 2007

Clarisse Doussot s’intéresse aux objets, aux contenants, sur lesquels nous n’avons pas l’habitude de nous attarder. Photographiés en studio, les barquettes, emballages et autres coffrages revêtent une aura inespérée à travers une recherche de lumière et de matière (Tout venant, 2003, Coffrage, 2002, Sac dans sac, 1998). Ces objets « intermédiaires » se doublent d’une recherche autour d’espaces « transitoires » comme les quais de métro et les supermarchés (Toujours en attendant, 2005-2006)


Pendant sa résidence au CPIF (avril à juin 2006), Clarisse Doussot a travaillé en parallèle sur deux projets liés respectivement aux composants électroniques et aux aéroports. La série Composants (2006) s’articule autour d’un processus de récupération et de réappropriation d’images : des captures d’écran de composants électroniques. L'artiste agrandit l’échelle de ces images en basse définition ; définition qui s’en trouve affectée. Elle gonfle ensuite artificiellement la matière et la densité de l’image à l’aide d’un logiciel qui vient combler un manque de pixels. L’image qui en résulte joue alors sur une ambiguïté entre photographie et dessin accentuée par le choix du tirage sur papier aquarelle ainsi que par cette transformation artificielle des couleurs, des matières métalliques et plastiques.
Dans les photographies réalisées dans un aéroport (série Roissy, 2006), une seule personne vient s’inscrire dans le cadre. Les effets de transparence et de lumière qui s’insinuent dans l’image avec les reflets de la vitre font écho à la série Ultraviolet (2003). Chaque sujet, saisi dans une situation d’attente, semble prisonnier dans un bocal. À l’image d’un objet dans son emballage, le corps est réifié.
Derrière la rigueur apparente des images, se cache une dimension aléatoire. Dans la série Composants, si l’artiste définit la même échelle et les mêmes marges, elle ne peut intervenir sur le calcul du logiciel pour augmenter la définition de l’image ou densifier couleur et matière. Dans la série Roissy, après avoir prédéterminé un cadrage qu’elle observe rigoureusement, elle attend qu’un sujet entre dans le champ. En donnant un contenu formel à des contenants, Clarisse Doussot redonne à voir des objets intermédiaires et des espaces transitoires. Ainsi magnifiés ces objets et ces lieux apparaissent comme des reliques d’une société de consommation de masse et de globalisation des échanges. La photographie, outil d’enregistrement par la lumière, devient le support d’expériences liées à la transformation des couleurs.

Audrey Illouz

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